"Nós lá aí está !"
La voiture s'arrête brusquement. Je me cramponne de toutes mes force aux accoudoirs pour ne pas me tordre le ventre, puis je m'appuie mollement à la fenêtre. Je suis secouée, je n'en peut plus. Le chauffeur est déjà dehors, il sort mes valises du coffre. Sans plus attendre, je repousse la portière et, avant de me lever, farfouille dans ma poche de veste pleine de miettes et de débris visqueux et collants pour en sortir un portefeuille en cuir rouge en pas très bon état. Je me redresse et tent quelques billets à l'homme qui se met à me fixer de son regard de veau mort. Ses yeux vont de mon visage à l'argent fraîchement sortit. Il se saisit de mon offre et commence à compter. Je prend mon sac et la valise, je lance un "Gardez la monnaie !" à la cantonade et quitte le chauffeur ainsi son taxi miteux pour sortir du parking. Arrivée là, tout se complique. Me voilà en plein centre-ville, au milieux de la foule grouillante qui me bouscule sans ménagement. Je ne suis vraiment pas du genre citadine ! Il y a au moins 8 rues qui sortent de la place, et une seule mène au minimum à 2 boulevards ! Comment je fais moi ? J'hésite à retourner à la voiture pour demander mon chemin mais en plus d'être débile mon gentil chauffard est portugais ! Pratique pour demander la route ! Je regarde autour de moi dans l'unique espoir de retrouver la fondation recherchée. Miracle ! Devant moi, un immense bâtiment marqué de l'inscription : Aéroport des fontaines. Je cours vers la porte et m'engouffre dans un hall titanesque, et bondé avec ça. C'est inimaginable, partout, des guichets, des panneaux horaires et des flèches avec marqué : Piste 5 Voie 9, ou alors : Piste 4 Voie 17. Je suis complètement dépassée. Je m'avance courageusement vers une caissière pour lui demander :
"Excusez moi, pourriez vous m'indiquer la Piste 6 ?"
"Quelle voie ?"
Je jette un oeil craintif à mon billet avant d'ajouter :
"Voie 2. Piste 6 Voie 2."
La femme tent la main, je lui donne mon billet. Elle l'examine longuement, puis continue en me rendant le papier :
"Jetez un coup d'oeil au plan de l'aéroport, les pistes sont classées par voies et par sous-sol."
J'obéis, réfléchis un peu jusqu'à être sure de l'info. Contente de moi, je me rapproche d'un boyaux de métal à ciel ouvert dans lequel on peut clairement voir un tapis roulant noir. Dessus, des bagages cheminent à la queue leu leu jusqu'à ce qu'ils disparaissent derrière un rideau sombre au seuil d'une machine ayant pour but de mettre les valises dans la soute à bagage de l'avion dont le nom est méticuleusement inscrit sur une étiquette bleue. Je hisse mes affaires avec les autres, sans oublier mon ...
Mon sac ! Ma sac à main !
Où est il passé ? Je l'ai peut-être oubliée au guichet ? Non, je l'avais en me rendant vers le plan. Ensuite je suis arrivée ici, mais alors où est il ? Je balaye la salle d'un regard paniqué. Je le vois, il est là-bas, sous la pancarte. Oh, mais un type est en train de l'embarquer ! Je cours, je crie, il y a mon porte feuille mes papiers et mon ticket dedans. Le bonhomme se retourne et ... Mais je rêve ! Il accélère l'allure ! Un voleur ! Oh la la, mais quelle poisse ! Le cambrioleur s'arrête, un jeune homme vient de lui barrer la route. Celui-ci se saisit de mon sac et fais signe à l'autre de filer. Mon sauveur s'approche et me donne mon dû.
"Il faut faire attention mademoiselle.Quel avion prenez vous ?
Je me retourne vers le tableau des vols pour indiquer ma direction quand je m'aperçoit de ce détail piquant : Écrit en une énorme écriture jaune, il est affiché "Vol avions à destination de Vancouvert (Canada) , départ à 14h45". Il est 43 ! J'ai tout juste 2 minutes ! C'est bien ma veine aujourd'hui ! Je prend ma propriété et me lance à la poursuite de l'avion. Je jette le sac sur le tapis roulant et file comme une flèche à la Piste 6 Voie 2 pour foncer dans le véhicule tout près à partir.
Je m'adosse au mur, respirant bruyamment. J'aurais pu rester ici tout le trajet si le controleur n'était pas venu me déloger. Donc, je m'assois dans le moelleux fauteuil. J'ai déjà envie de rentrer chez moi ... Je dois me rendre à Vancouvert au canada pour finir mes études. Ma vie était déjà très compliquée avant tout ça, mais maintenant je ne vous dis pas ! Je met ma ceinture avec remords. Je n'ai même pas remerciée l'homme de m'avoir rendu ma propriété. Une voix douce interrompt mes pensées.
"Messieurs, mesdames, vous êtes priés de mettre vos ceintures."
Un hôtesse vient me proposer un magazine et un mot croisé avant d'aller elle même s'assoir.
"Décollage ..."