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 Le journal intime d'un metteur en scène, pt.1 1996

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natacha153
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Le journal intime d'un metteur en scène, pt.1    1996 Empty
MessageSujet: Le journal intime d'un metteur en scène, pt.1 1996   Le journal intime d'un metteur en scène, pt.1    1996 EmptyDim 15 Fév - 16:07

Dimanche 8 Avril 1996

A l'âge de quinze ans et demi, presque seize, je décide enfin quelle sorte de carrière je veux obtenir. Après avoir hésité pendant un an, je sais aujourd'hui que je veux faire du cinéma. J'en ai parlé à Maman hier. Elle n'a pas été très réceptive de la nouvelle. Elle m'a dit que je devais trouver quelque chose de plus "construit", de plus "sure" pour mener à bien ma vie. Elle n'a pas comprit que c'est mon rêve et que je n'y renoncerai pas. Bon dieu! L'homme est né pour réaliser ses rêves non! J'y arriverai parce que j'ai confiance en l'avenir. Je sais que je vais galérer. Papa, s'il n'avait pas quitté la maison il y a quatre ans, aurait été fier de la nouvelle. Je dois lui dire. Je vais l'appeler tout de suite. Je reviens...
...Ça y est. Il m'a dit que je rêvais, que je n'y arriverai jamais. Décidément, je n'ai pas de chance. Je leur prouverai le contraire. Peut-être que my little sister va compatir avec ce désir! Tiens, elle entre dans ma chambre, sans frapper, comme d'habitude. Elle voit le bazar sur mon lit et me dit "t'es pas encore prêt pour aller à l'internat demain? Thomas, mais qu'est-ce que tu fais? C'est pas possible! Tu veux pas que je fasse ta valise quand même!" et moi je lui répond "Elo, arrête. Te prends pas pour maman, une seule suffit tu ne penses pas?" Et elle s'en va. Bon, je lui dirait demain matin, avant d'aller au lycée. Quand à toi, cher journal intime, je te revois une autre fois, j'ai beaucoup de travail. Bye!



Lundi 9 Avril 1996

Le trajet en bus de ce matin n'était pas très agréable. Le chauffeur n'était encore pas le même que d'habitude et celui-ci conduisait très mal. En plus, il y avait une mauvaise odeur, j'aurais aimé savoir d'où elle venait. Mais bon, j'étais à côté de Marine alors ça va. Elle ne parle pas beaucoup, c'est rare des filles comme ça. Mais il ne faut pas que je commence à parler d'elle comme ça sinon je vais m'attacher et vu que je ne connais rien aux filles et encore moins à l'amour...Je la perdrait et je ne veux pas perdre un fille qui est comme une soeur pour moi. Passons.
Dans la journée, rien de spécial. On a encore été au chantier aujourd'hui. Pourquoi j'ai choisis cette filière-là! Les travaux forestiers n'ont jamais été mon fort! En plus, je ne peux même pas toucher les tronçonneuses parce que je n'ai pas encore seize ans: "non, tu ne peux pas avant ton anniversaire" m'a dit le professeur, "tu est né le premier Mai c'est ça?" "Oui monsieur" je répondais alors poliment en cachant ma tristesse.
O fait! J'ai décidé de faire de la musculation parce que je suis trop "maigre" m'a-t-on dit. Alors je veux me muscler. J'ai cherché sur Internet des castings et j'en ai trouvé quelques-uns, mais aucun à Grasse. Il va donc falloir que je me déplace. Mais ce n'est pas grave, mon père a décidé de me laisser essayer. Il m'a dit "Fais des auditions et après on voit. Au cas où tu dois te déplacer, compte sur moi, il n'y a aucun soucis, tant que ce n'est pas la semaine. Mais vu que le semaine tu la passes au lycée, il n'y aura aucun problème". Que j'adore mon père parfois! Donc voilà. Samedi j'ai une audition à Nice. On verra ce que ça donnera. Je te tiendrai au courant du cours des événements. En attendant, la vie suit son cours et je réécrirai Samedi parce que mon ordinateur portable n'a plus de batterie et que j'ai oublié le chargeur. Bye!





Samedi 14 Avril 1996

Je stresse! Ma première audition! Dans quatre heures! WOUAOU!!! J'espère que je serais convainquant et que mes quelques années de théâtre que j'ai faites il y a cinq ans sont encore d'actualité! Je suis peu confiant mais je me suis entraîné chaque soir de cette semaine, en sacrifiant mes soirées avec Marine où l'on jouait aux cartes! Mais je suis sur que ce sacrifice portera ses fruits. Allez, je répète encore un peu. Cette audition, c'est pour un film qui retracerait la vie d'un ancien policier qui sombra dans la déprime, la drogue et l'alcoolémie. Il est connu pour le nombre de missions éffectuées et sa lutte avec les associations pour femmes et enfants battus, avec les centres de réinsertion pour récidivistes et plein d'autres trucs. Donc voilà. Je mise le rôle d'un "figurant", si on veut puisque si je suis pris, je n'apparaîtrais que deux ou trois minutes dans tous le film. En fait, je postule pour être ce policier, enfant. On me maquillerait pour que je sois encore plus juvénile -bien que je trouve cela difficile! Bon, je n'ai pas vu le temps passer. Je dois y aller. Souhaite-moi bonne chance! A toute à l'heure.
Ça y est, c'est finit. J'ai un peu bafouillé les premières secondes. Ceux qui postulaient étaient vraiment forts. Je ne pense pas avoir réussi. On verra cela. En attendant, le stress, s'en est finit! Enfin, pas tout à fait. Ils m'ont dit qu'ils me rappèleraient dans deux semaines pour me donner la réponse. En attendant mon tour, j'ai rencontré un type de mon âge super sympas. Lui postulait pour le rôle principal mais il me semblait bien trop jeune pour faire l'affaire. On a bien parlé, pendant un quart d'heure, après il a fait son audition. Bon, il y a un film bien ce soir, j'y vais. A plus!




Dimanche 15 Avril 1996

J'ai hâte de savoir enfin si je suis pris ou pas. En attendant, je vais devoir patienter deux semaines. Heureusement, elles vont vite passer avec le lycée, Marine, les cartes. J'ai décidé d'écrire un nouveau roman. Fantastique, cela va de soi. Mais il faudrait aussi que je termine mon premier...Ah! Décidément, je suis plus doué pour les nouvelles. Sister a très bien réagit à l'annonce de ma nouvelle, ce matin. Elle voulait même venir à l'audition avec moi. Mais elle est finalement restée à la maison, avec maman pour s'occuper de Clémence, la dernière. Et puis maman ne voulait pas que j'influence Elo sur sa future carrière. Bon, je vais manger. Je te reverrait une autre fois! Bye.




Lundi 16 Avril 1996

Le trajet en bus s'est bien passé, le chauffeur conduisait bien. On a bien rigolé avec Marine. Elle m'a raconté un peu son histoire, peu joyeuse d'ailleurs. Ses parents sont morts il y a longtemps, "c'est la version officielle" m'a-t-elle dit. Je lui ai demandé quelle était la vraie version et elle m'a dit "ils m'ont abandonné il y a très longtemps, quand j'avais deux ans. C'est ma grand-mère qui m'a récupérée, il y a quinze ans, alors que j'étais sur le pas de sa porte avec un mot de ma mère qui disait qu'elle ne pouvait plus s'occuper de moi", elle parlait, elle pleurait à moitié. J'ai vraiment eu de la compassion.
Mes amis m'ont dit que je parlais trop "soutenu", c'est vrai? Je suis bête, tu ne vas pas me répondre. Mais bon, j'avoue que ce n'est pas faux non plus. Parler vulgairement, ce n'est pas moi. Je sais, je suis différent des autres mais je ne suis pas seul! Il y a Marine! Elle aussi parle très poliment, avec un registre soutenu. Mes amis ont acceptés ce que je suis, Marine aussi. C'est bizarre comme le fait de porter le même nom qu'elle a pu nous rapprocher. C'est l'une des premières à avoir accepté ce que je suis, à l'avoir le mieux assimilé. Elle est vraiment géniale. C'est une autre sister, différente parce qu'on n'a aucun lien par le sang, juste par le coeur. Du moins, c'est ce que je crois. C'est comme ça de mon côté, peut-être que du sien, ce sentiment n'est point partagé. Bon, je vais jouer aux cartes. BYE!




Samedi 21 Avril 1996

Je suis rentré hier soir, le trajet fut agréable. C'est mon père qui nous a pris ce week-end. Il voulait savoir si j'avais eu vent des résultats de l'audition. Je lui ai répondu que non, personne ne pouvait avoir le résultat avant encore une semaine. Il m'a alors dit "tu sais, j'ai entendu dire que t'as eu une bonne impression sur le jury. Ils ont été super content de ta prestation. Je pense que t'as une chance d'être pris. Après, on verra ce que ça donnera" Je ne voulais pas entendre ce qu'il venait de me dire. Je ne voulait pas savoir cela, je voulais avoir le suspens jusqu'à la fin. Encore une semaine. Celle-ci fut déjà longue mais je n'ose penser ce qu'il adviendra de la deuxième. Bon, je dois partir au cinéma pour voir un nouveau film qui, paraît-il, traite de la disparition d'un soldat de la deuxième Guerre Mondiale. Le sujet est plutôt intéressant, reste à savoir ce qu'en est le film. BYE!




Lundi 23 Avril 1996

Le film n'était pas trop mal mais je n'ai eu le temps de t'écrire après ce dernier, j'ai eu beaucoup de travail à faire.
Le trajet en bus fut très agréable. J'en appris un peu plus sur Marine. Elle raffole des mangas, ces dessins animés Japonais. Je lui ai parlé de mon ambition, elle semblait émerveillée. Elle m'encouragea à continuer sur cette voie. Elle m'a dit que si son physique n'avait pas été un problème, elle aurait, elle aussi, prit cette voie. Je lui ai alors dit qu'elle n'était pas aussi grosse qu'elle s'en était persuadée et qu'elle était une fille plutôt belle, qu'il valait mieux avoir des formes plutôt que de ne ressembler à toutes ces jeunes filles d'aujourd'hui, qui ont toutes les mêmes formes: sans aucune valeur si ce n'est un ventre plat, elles ressemblent toutes à des planches à repasser, elles se ressembles toutes, on ne les distingues plus. Wouaou! Venant de toi, c'est quelque peu choquant! m'a-t-elle dit, mais peut-être as-tu raison! Il me faudrait, un jour, m'accepter telle que je suis et non pas telle que je voudrais être! Et voilà. Je sais qu'elle ne se supporte pas, que c'est pour ça qu'elle écrit autant de poèmes, de nouvelles. Elle vit son rêve à travers ses histoires, ces mondes qu'elle créé. Elle est un peu comme moi, au fond. Voilà encore un point sur lequel nous nous entendons parfaitement! C'est bizarre toute cette histoire. Nous portons le même nom mais nous ne somme pas frère et soeur, nous avons, pour la plupart, les mêmes goûts. Mais bon, je vais manger puis jouer aux cartes avec elle et ses amis. BYE!




Mercredi 25 Avril 1996

La matinée s'est très bien passé, j'ai eu une heure de permanence avec Marine où nous avons, là encore, parlé de tout et de rien. Elle m'a surtout aidé pour mon oral de français. Mon CCF n'est que Mardi prochain mais je préfère être en avance.
En ce qui concerne cet après-midi, elle était fantastique. Ce mot n'est pas utilisé à la légère. On a joué au foot. Il y avait Benjamin (my best friend), Marine, Emma (sa meilleure amie) et après nous a rejoint Gladys, un garçon de notre classe, à Benjamin et à moi. Je ne sais pas jouer mais cela m'a réconforté de voir que Marine non plus ne savait pas jouer, même si elle se débrouillait tout de même mieux que moi. C'est honteux pour un garçon de ne savoir jouer au foot, surtout à notre âge. Mais nous étions entre amis, nous nous sommes tous très bien entendus pendant ces quelques heures passées ensemble.
En me remémorant tous ces souvenirs, j'en ai oublié le temps qui a courut. Il me faudrait stopper ces incessantes intrusions dans mon esprit. Je dois me concentrer sur l'école et non sur mes souvenirs.
J'ai hâte de savoir la réponse de cette audition. Je dois savoir si j'ai, oui ou non, réussi mon audition! Le stress me gagne de plus en plus, sans compter les allusions de Marine qui me demande, chaque jour, si j'ai eu cette réponse. Je lui ai promis de l'appeler pour la lui raconter. Bon, voilà l'heure du dîner déjà bien avancée. Bye!




Samedi 28 Avril 1996

J'ai enfin reçu le coup de fil que j'attendais tant. Mais avant de te donner la réponse, laisse-moi te raconter en détails cette journée.
A neuf heures du matin, je me lève, n'en pouvant plus d'attendre dans mon lit. D'habitude, j'adore me prélasser mais là, cette attente me paraissait insupportable. Je me lève, me dirige vers la cuisine. J'essaie d'avaler au moins un petit pain au lait que maman a soigneusement garnit de pâte à tartiner. Elle sait que j'en mange environ quatre chaque matin mais là, mon estomac était noué. Sister vient me voir et me nargue. Elle me demande si je vais bien, me trouve pâle puis ajoute "Ah oui! J'avais oublié! C'est aujourd'hui que tu es sensé avoir une réponse!" J'oppine pour confirmer. Et là, le téléphone sonne.
Je me précipite sur ce dernier pour répondre. Allô? Thomas? Oui c'est grand-maman. Peux-tu me passer ta mère s'il ne te dérange point? Je me rends alors compte d'où je tiens ce language si soutenu, bien que le mien le soit moins -enfin j'espère! Maman commence à parler et ne s'arrête plus. Pressé qu'elle raccroche, je lui dit que Clémence, la dernière, a besoin de ses soins. Elle raccroche et, aussitôt, le téléphone re-sonne.
Je m'apprête à répondre mais Elodie le prend à ma place. Mais en entendant une voix masculine, elle me passe le combiné. Allô? Je suis le responsable du casting auquel vous avez participé. J'ai le regret de vous dire qu'il va vous falloir trouver du temps libre et prendre des cours particuliers. Je ne comprenais rien de tout ce qu'il me disait. Pourquoi devrais-je prendre des cours particulier? En laissant un gros blanc, il enchaîna Vous allez devoir quitter votre école parce que, si vous l'acceptez et votre famille aussi, vous êtes sélectionné pour le rôle principal du film auquel vous vouliez participer. La joie commence à gagner mon esprit, j'appelle maman et lui demande de me rejoindre le plus vite possible. Elle arrive et lorsqu'elle s'apprête à me gronder pour avoir menti au sujet des soins de Clémence, je la met au courant de toute l'histoire en demandant, au monsieur qui était au téléphone, de bien vouloir patienter quelques secondes, le temps pour moi de prévenir ma mère. Je lui explique l'audition, elle est folle de joie. Elle parle à l'homme qui était encore au téléphone pour obtenir une réponse et lui dit qu'il n'y a aucun problème, qu'elle accepte que son fils tourne un film.
Je n'y crois toujours pas. L'excitation est toujours en moi, elle ne veut point partir. Il me faut appeler Marine, elle va être folle de joie, très enthousiaste...
...Effectivement, elle me raconte qu'elle est fière de moi, qu'elle viendra sûrement me voir sur le plateau du tournage, qu'elle pourra même m'aider à réviser mon rôle. Je lui explique que le tournage débute pendant les grandes vacances d'été. J'espère que tu me laissera venir te voir et t'aider même, si tu le désires! Je la rassure et lui dit que je serais ravi qu'elle passe me dire bonjour.
Bon, le temps a passé, il est déjà minuit vingt-trois. Je commence à fatiguer. BYE!




Mardi 1er Mai 1996

Il n'y a pas pour moi de meilleur cadeau d'anniversaire que celui que j'ai eu. D'abord le résultat de l'audition -mon père a été très fier- et maintenant Marine.
Elle est donc venue à ma petite fête que j'organisais à l'occasion de mes seize ans et, lorsqu'elle est arrivée, a sauté dans mes bras. Je n'ai alors pu m'empêcher de l'embrasser. C'était une pulsion. Perplexe, elle m'a regardé avec de grands yeux étonnés. J'ai alors haussé les épaules pour lui faire comprendre que c'était plus fort que moi, au-dessus de tout. Et on s'est embrassé. Toute l'assistance a applaudit.
Ainsi, il s'est avéré que ce n'était pas une soeur pour moi mais plutôt la femme dont je rêvais. Elle avait beau avoir un an de plus que moi, on s'entendait parfaitement bien.
Je crois bien que c'est la dernière fois que je t'écris. Maintenant qu'il y a Marine, je n'ai plus besoin de trouver de l'aide puisqu'elle m'aidera à surmonter mes épreuves. Merci de m'avoir lu mais c'est aujourd'hui finit. Je vais te ranger. Adieu cher journal et merci pour tout.
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natacha153
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MessageSujet: Le journal intime d'un metteur en scène, pt.2, 2007   Le journal intime d'un metteur en scène, pt.1    1996 EmptyDim 15 Fév - 16:46

Mercredi 18 Avril 2007

J'ai retrouvé ces écrits dans un tiroir. Bien cachés au fin fond de mon ordinateur, je les ai trouvé alors que je cherchais ma nouvelle pièce de théâtre que j'avais égaré et souhaitais continuer.
Oh! Il s'est passé bien des choses depuis ce Mardi 1er Mai 1996. Ca m'a fait plaisir de relire tous ces passages mais ça m'a aussi fait pleurer. Maintenant que je suis partis dans les confessions, autant continuer, ça ne peut pas me faire de mal de me dévoiler un peu.
Marine. C'est là que je souffre. Nous sommes restés environ quatre ans ensemble. Alors que j'avais vingt ans et elle vingt et un, je la demandais en mariage. Elle acceptait. Nous sommes restés mariés quatre ans, qui furent des années merveilleuses.
Un jour, le 27 Juillet 2004, jour de son anniversaire, elle fut heurtée par un camion dont le chauffeur dormait et avait bu. Il la percuta de plein fouet, embarquant avec lui tout le côté droit de la voiture. Marine mourrut sur le coup. Elle ne souffra point, d'après les médecins. Mais je suis sur du contraire. J'ai passé avec elle les plus belles années que je ne pouvais imaginer. Je pense au passé, j'entretiens nos souvenirs. Je ne l'oublierai jamais, cette femme aux yeux marrons, aux cheveux bruns et au grand coeur. Elle m'a aidé à supporter bien des épreuves, à survivre à bien des obstacles. Elle m'a tendu la main au milieu des ténèbres.
Lorsque j'ai frôlé la mort, un an jour pour jour avant notre mariage, le 15 juin 1999. c'est sa voix qui m'a aidé à surmonter les terreurs de l'enfer auxquelles j'ai dû faire face. J'avais été embarqué en tant qu'otage dans le braquage d'une banque. Les malfaiteurs, qui s'étaient démasqués, avaient été obligés de m'éliminer. Je fus mort cliniquement pendant trois heures. Alors que le médecin légiste s'apprêtait à amener mon corps dans ces grosses caisses comme on en voit au cinéma, je bougeais. Le médecin prit peur et me laissa sortir, m'aida à ma débarrasser des étiquettes que l'on m'avait collés un peu partout sur le corps et je pris une douche pour le débarrasser des marques qu'avaient laissé un marqueur à l'endroit où le médecin devait m'ouvrir, deux heures plus tard. Je pus alors témoigner et les braqueurs en prirent pour treize ans de prison ferme. Marine eut la plus grande frayeur de sa vie lorsqu'elle me vit arriver dans le couloir, alors qu'elle attendait, en pleurant, qu'on lui rende mes effets personnels. Elle tomba dans mes bras.
En ce qui concerne le film, il eut un succès fou. Il fut classé numéro un des ventes pendant quatre mois. Mais j'ai abandonné le cinéma. Je l'ai abandonné pour le théâtre. Je me rendis compte, en tournant ce film, que je préférais le vrai. Toutes ces caméras, tous ces montages gâchèrent ma vision des films. Je ne peux plus regarder un film sans penser à tout ce qui a été fait derrière, à toutes ces scènes qui, sur l'écran se suivent, mais qui ont pourtant été tournées à deux ou trois mois d'intervalle. J'ai un profond dégoût pour le cinéma. Je préfère le monde où l'on ne triche pas.
La mort de Marine m'inspira énormément. Elle était fière de mes pièces durant son vivant. Après sa mort, j'ai eu le syndrôme de la page blanche. J'avais peur d'écrire, peur de me retrouver devant une feuille blanche. Je ne savais que rédiger, que raconter. Mais une nuit, Marine m'a parlé dans un rêve. Elle m'a dit:
"Ecris. Ecris pour moi. Si tu ne sais pas quoi écrire, commence par notre histoire. Mais écris, je t'en supplie. Ne me laisse pas sans distraction. J'ai besoin de te revoir écrire, de te revoir chercher quels seront les bons mots pour aller avec la réplique précédente. J'ai besoin de revoir un public qui sort d'une salle le sourire aux lèvres, malgré qu'il ait pleuré pendant une heure trente. J'ai besoin de te voir chercher comment faire passer ton message à travers ta pièce, comment ouvrir les yeux aux gens. Alors écris s'il te plaît, ne m'oublie pas. Tu ne me vois peut-être pas mais je suis là, à tes côtés, je suis chaque chose que tu fais. Ecris notre histoire, elle boulversera beaucoups de coeurs et les gens se rendrons compte que la vie est précieuse et qu'il faut préserver l'amour. Les valeurs se perdent sans tes pièces, le monde change. Ecris ce qui nous est arrivé. Ecris combien on s'aimait. Ecris combien on se manque et combien tu me sais près de toi. Ecris l'amour que tu as pour moi. Ecris la folie d'un homme qui ne veut pas croire que sa tendre est morte et qui lui parle. Ecris la bien aimée qui lui répond, même si elle sait qu'il ne la voit pas, qu'il ne l'entend pas. Ecris tout ça, Ecrit NOUS. Je t'en prie, fais-moi plaisir, écris à nouveau"
Et je l'ai écouté. J'ai écris notre histoire. Depuis ce rêve, j'ai écris une dizaine de pièces. Je suis devenu très populaire pour mes pièces d'amour, pour les messages que je passais, pour les gens que je rendais heureux. Toutes les femmes de France m'envoyaient des lettres me disant qu'elles rêvent de moi, de ma pièce, qu'elles rêvent que leur mari parle aussi bien que moi. Elles ont toutes compris ma douleur. Elles m'envoyaient des lettres qui me faisaient pleurer, des poèmes qui étaient pleins d'émotions. Il m'arrivait parfois d'en trouver un tellement superbe que je demandait à l'auteur de l'utiliser dans ma prochaine pièce. Elle acceptait et lui donnait de l'argent qu'elle refusait, la plupart du temps. Elle demandait juste que figure son som sur le papier. Alors j'acceptais et lui donnait tout de même l'argent. En général, elle m'en écrivait d'autres et sur le papier était écrit poèmes écrits par G...... M........... La femme était fière. Quelques une furent recontactées par des maisons d'éditions. Elles me furent très reconnaissantes de leur donner une chance.
C'est ainsi que ma vie a changé son court. Je rédigeais des pièces et la moitié du profit que j'en tirais était en général versé à une oeuvre charitative. Le monde m'adorait, les journalistes aussi. Ils adoraient venter ce qu'ils appelaient mes mérites. Je trouve personnellement que je n'en ai aucun.
J'ai retrouvé la pièce dont je parlais tout à l'heure. En fait, il ne me reste plus qu'à rédiger la fin. J'en suis au troisième acte. Elle raconte l'histoire d'une jeune femme déchirée par l'amour qu'elle a pour un jeune garçon Elle ne peut lui avouer car elle le perdrait s'il s'avérait qu'il ne ressente rien pour elle mais elle a pourtant le désir ardent de le lui dire. Elle va le faire et il ne voudra pas d'elle. Mais, contre toute attente, il ne réagira pas mal et ils resteront amis, beaucoup plus proches qu'auparavant. A la fin, la scène est inversée: après une soirée très alcoolisée, il lui dit qu'il l'aime. Elle repoussera ses avances par amour pour lui. Très paradoxal, je sais. À la fin, la jeune femme se suicide. L'homme l'apprend et comprend qu'il l'aimait vraiment. Mais c'est finit et il regrette tout ce qui s'est passé. Le côté intéressant de cette pièce est que, pour le monde d'aujourd'hui, il peut observer la déchirance d'une femme désespérée. Ah! Ce qu'il ne faut pas faire pour plaire!
Ma dernière création -finie- a été acceptée par une compagnie du théâtre de Nice. Ils n'ont trouvé aucun metteur en scène qui fasse l'affaire, alors ils m'ont demandé de le devenir. J'ai accepté à condition d'avoir un metteur en scène professionnel à mes côtés. Ils ont été d'accord sur le fait que je n'ai pas d'expérience et qu'il me fallait de l'aide. Cette pièce raconte notre histoire vue de mon point de vue. Elle raconte notamment le rêve mais dans la pièce, c'est une lettre qu'il reçoit et qui disparaît aussitôt lue. On verra l'effet. Si cela ne va pas, j'essaierai autre chose.
Mon nouveau travail commence justement demain. Je trouve étrange de ne t'avoir trouvé qu'aujourd'hui. J'aurais pu te trouver il y a une semaine, ou deux mais non, le destin a décidé que ce fut aujourd'hui. Ce n'est pas plus mal, au fond. Je vais pouvoir te raconter mes journée, expliquer comment se passe ma vie en tant que metteur en scène. Ça va être plutôt marrant pour mes premiers jours.
J'ai l'impression de retomber en enfance en écrivant. Je dis tu comme si tu étais une personne. C'est étrange comme ça m'a fait du bien d'écrire tout ceci. Ça m'a libéré. Sur ce, je dois te laisser, il me faut continuer ma pièce que je dois rendre dans trois jours. A plus tard.




Jeudi 19 Avril 2007

ça y est, mon nouveau boulot va commencer, dans moins d'une heure. Je m'apprête à prendre ma voiture. Je stresse un peu. Je ne sais pas ce que je vais trouver sur le plateau mais ce que je sais, c'est que je vais pouvoir faire ressortir mes idées sur la scène. C'est vrai que les metteurs en scène ne voient pas les pièces comme l'auteur. Chacun a une vision différente. C'est bien mais, parfois, ça déçoit l'auteur qui espérait une mise en scène différente que celle présentée.
Bon, là, il faut vraiment que j'y aille. Vu que j'emporte mon PC avec moi pour rédiger mon cahier de bord. J'en mettrai une copie dans ce journal. A tout à l'heure!
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natacha153
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MessageSujet: Le journal intime d'un metteur en scène, pt.3 2007/2010   Le journal intime d'un metteur en scène, pt.1    1996 EmptyDim 15 Fév - 16:47

CAHIER DE BORD DE LA PIECE "POUR L'AMOUR"


Jeudi 19 Avril 2007

J'arrive pour la première fois dans les coulisses du théâtre de Nice. Les comédiens sont là, ils m'attendent. Ils sont 5, je devine qu'il en manque 3 et je remarque après qu'il me manque Pascal et le couple Roi/Reine d'Angleterre: le metteur en scène -Florian- a décrété que nous les choisirions tous les deux ensemble. Je les fais répéter pour voir si chaque personne a le bon personnage. Il s'avère que Jenny et Mary doivent être inversées, Jenny ayant le côté snob de la Reine dont Marie ne dispose pas. Toutes les deux sont d'accord et Marie ne le prend pas mal du tout "J'avais d'abord opté pour le rôle de Jenny, je n'aime pas paraître dans trop de scènes d'affilé quand je suis sur les planches" m'a-t-elle dit. Je suis ravi. Nous commençons les premières répétitions: aucun jeu de rôle, juste le ton qu'il faut. Paul, le mari de Marie, a du mal à trouver le ton qu'il lui faut faire. Il sort de scène et va répéter avec le metteur en scène professionnel. Je prend sa place et nous continuons. Mary et Rose sont parfaites mais Jenny a un petit soucis de soumission. Elle est la servante et la conseillère de Rose, il faut qu'elle prenne un ton doux et sévère à la fois. On s'entraîne et, au bout d'environ une demie-heure, elle trouve enfin la bonne intonation. Elle sort de scène pour s'entraîner. Quand à Paul, il est revenu, le ton est parfait. Nous sommes, avec Florian, sur la même longueur d'onde, j'en ai fort bien l'impression. Je prend ainsi le rôle de Jenny qui revient deux minutes plus tard.
Nous avons décidé d'appeler les comédiens par le nom de leur personnage. Au moins, cela met des distances entre les metteurs en scène et les comédiens. Je pense que c'est mieux, ça évite les attachements et ça permet de mieux faire notre travail.
Je les observe. Tout est parfait. Il me faut juste trouver les trois autres personnages. Après trois heures en compagnie des comédiens avec lesquels je vais travailler un bon bout de temps, Florian et moi les abandonnons pour auditionner une vingtaine de jeunes talents.
Nous sommes tombés d'accord avec Florian sur lesquels choisirs. Le Roi et la Reine d'Angleterre sont impressionants, Pascal aussi, à sa manière. Ils sont parfaits, la carrure que je voulais. Nous les recontacterons demain pour qu'ils commencent les répétitions.
La journée est finie, je rentre chez moi.

Prochaine répétition: Vendredi 20 Avril 2007



Vendredi 20 Avril 2007

Florian a déjà recontacté les trois comédiens qui doivent normalement arriver dans une heure, fous de joie d'avoir été retenu et aussi vite. J'ai hâte qu'ils rencontrent la troupe. En les attendant, nous faisons les mêmes répétitions qu'hier: aucun jeu, juste le ton.
Ils sont là. Tous les trois en même temps. Nous les présentons à la troupe qui semble ravie d'avoir de nouveaux arrivants. J'ai opté pour une première assimilation des nouveaux en prenant un café tous ensemble, ce que tout le monde a accepté avec plaisir. Les nouveaux sont déjà bien intégrés, nous pouvons commencer les répétitions: aucun jeu, juste le ton. Les nouveaux sont excellents. Encore inconnus du publics, je sens que tous ces comédiens vont faire un tabac si la pièce a son succès. Ils sont exquis, vraiment magnifiques. Nous passons toute la journée ensemble, déjeunons au resto du coin. Tout le monde est content: nous avons voté à l'unanimité que, chaque jour, une personne différente paiera sa tournée. Tout se passe très bien, c'est mieux que ce que j'avais pu imaginer.
Il est 20h00, nous rentrons tous chez nous, fatigués de cette journée non stop de travail. Mes jambes me font mal. Je vais dormir -déjà!!!-.

Prochaine répétition: Samedi 21 Avril 2007




Samedi 21 Avril 2007

Il est 10h00. La troupe est enfin réunie. Les retardataires sont enfin arrivés: on aurait dû commencer à 9h00. Il semblerait qu'ils aient fait une sortie commune hier, allant tous à la boîte la plus connue de la ville. Ils ne sont pas très sérieux mais ils ont bien raison: à 18 ans, j'aurais aimé avoir la possibilité de faire pareil. Cependant, j'ai été surpris de savoir que l'interprète de Paul, âgé de 53 ans, en avait fait de même.
Bref. Nous commençons les répétitions avec le jeu de l'acteur cette fois-ci. L'interprète de Rose connaît déjà son rôle par coeur! Je suis inpressionné. Ils devraient tous faire pareil. Demain on ne bosse pas donc aujourd'hui, on met le turbo.
Les comédiens, malgré leur fatigue, sont d'attaque et y vont à fond: c'est génial.
J'ai dû les interrompre de trop nombreuses fois pour leur dire où ils devaient se mettre, comment ils devaient dire cette réplique. Je crois qu'ils n'ont pas très bien compris la pièce. Je les arrête. Ils me regardent tous d'un air ahuri qui semble dire "Comment?Il a osé nous interrompre?" Je leur explique la pièce. Ils la rejouent: c'est très différent. Les comédiens connaissent mieux leur place, leur ton, leur sentiment...C'est beaucoup mieux. Florian n'est pas venu aujourd'hui: sa fille est malade. Il revient lundi. Je suis sûr que c'est une ruse pour savoir comment je me débrouille sans lui. Je pense qu'il va trouver que c'est une catastrophe.
Nous répétons encore et toujours, je les interrompt encore et toujours: Paul a des soucis avec une réplique qu'il ne comprend pas.
"Elle te dis qu'elle t'aime sans te le dire, lui dis-je, elle se dévoile à toi d'une manière que tu ne comprends pas consciemment. C'est inconscient ce qu'il ressent" Il comprend mieux, il refait la réplique: c'est parfait. C'est sur cette explication que la troupe se quitte: c'est déjà 13h00, l'heure de partir.

Prochaine répétition: Lundi 23 Avril 2007




Lundi 23 Avril 2007

Florian est revenu. Il a examiné avec soin les changements que j'ai appliqué et m'a dit "c'est du bon boulot, tu es un très bon metteur en scène". Je suis fier de moi. J'aime beaucoup le métier de metteur en scène. Si cette pièce marche bien, je continuerai peut-être dans cette voie.
La troupe n'est pas en retard cette fois-ci, nous pouvons commencer. La pièce est jouée en entier, les comédiens jouent entièrement leur rôle. Ils se déplacent, parlent, pleurent...Tout va bien. La pièce est comprise, je crois qu'il ne nous faudra pas trois plombes pour la présenter.

Prochaine répétition: mardi 24 Avril 2007




Mardi 24 Avril 2007

Florian et moi avons décidé des costumes aujourd'hui. Les comédiens ont travaillé le matin seulement car l'après-midi nous était réservé, à Florian et moi. Voici, sous forme de liste, les costumes désirés:
Paul: Une rodingotte de velours bleue foncée avec la cape de la même couleur décorée de lis, symbole du roi. Cheveux blonds longs, attachés en queue de cheval basse avec un ruban noir surmonté d'un noeud papillon (fait par le ruban, cela va de soi). Chaussures noires.
Marie: Une robe bordeaux longue (avec une traîne), en velours (pour être en accord avec le roi). Chemisier blanc sous le bustier, cheveux roux remontés en chignon noués avec un ruban noir (là encore en accord avec le roi). Manches longues avec de la dentelle. Chaussures à talon noires.
Rose: Robe beige (pas de velours pour montrer la rebellion contre ses parents) longue (sans traîne, qui frôle le sol), cheveux blonds remontés en chignon noués d'un ruban beige. Manches mi-longues (là encore pour la rebellion) Chaussures à talon beiges.
John: Rodingotte noires. Cheveux noirs attachés par un ruban blanc. Chaussures noires.
Pascal: Costard noir, chemise blanche, cheveux courts, bruns. Noeud papillon, chaussures noires.
Jenny: robe courte et noire, tablier blanc, cheveux noirs remontés en chignon, petite chaussures noires.
Roi d'Angleterre: cf Paul en gris
Reinne d'Angleterre: cf Marie en bleue
Florian m'a promis que j'aurai les costumes très bientôt. Ce matin, les comédiens ont fait de gros effort. Nous avons consacré la dernière heure aux prises de taille.

Prochaine répétition: Mercredi 25 Avril 2007




Mercredi 25 Avril 2007

Florian avait raison: les costumes sont arrivés aujourd'hui. Seule la robe de Rose a un défaut: elle est un peu trop longue car celle-ci ne doit pas avoir de traîne et doit seulement frôler le sol. Rose marche dessus! La couturière qui était présente a prit les bonnes mesures et nous a assuré que la robe serait prête demain. Les premières répétitions costumées commencent. Je crois bien que le temps de mise en scène de la pièce a été record. Demain, nous avons tous un meeting pour discuter des décors. Je pense que c'est bien d'en parler avec les comédiens car ce sont eux qui jouent la pièce. Florian a été d'accord et m'a dit que c'était une très bonne idée même si cela n'avait encore jamais été fait. On en a parlé et il m'a dit que le résultat ne pouvait être que bénéfique et que, au cas où cette méthode ne portait pas ses fruits, on pourrait toujours la revoir tous les deux. Les comédiens ont été très enthousiasmés à l'idée de participer à la création du décor et ont même proposé qu'on le fasse tous ensemble.

Prochaine répétition: Jeudi 26 Avril 2007




Jeudi 26 Avril 2007

Ce matin, aucun retard n'a été à noter. Je pense que les comédiens sont réellement motivés par le fait de participer à la création du décor.
Le débat commence. Florian me demande mon avis et me dit de parler le premier. Je lui dit qu'étant donné l'époque, nous devrions avoir un triple plateau tournant: le premier servirait aux diverses scènes à l'intérieur de l'opéra; le deuxième aux scènes dans le château de Paul, Marie et Rose; le troisième pour les scènes devant l'opéra. Tout le monde me dit que c'est une idée géniale. Je demande à Paul, Marie et Rose de se concerter pour noter leurs idées sur les éléments dans le château en n'oubliant pas que c'est un salon; Pascal, Jenny, John, le Roi et la Reine d'Angleterre feront le décor de l'opéra, l'intérieur comme l'extérieur. De mon côté, je me concerte avec Florian pour savoir ce qu'il pense et prévoit comme décor. On a les mêmes idées: on les note.
Après une dizaine de minutes bruyantes, nous nous concertons. Le groupe qui s'occupe du château parle en premier. Nos idées, sont quasiment les mêmes excepté pour la télévision qu'ils proposaient mais qui serait, dans le cadre de cette pièce, un anachronisme. Vient le tour du groupe qui s'occupe de l'opéra. Ils me demandent encore quelques minute pour perfectionner l'extérieur du bâtiment. Cinq minutes leur sont accordées durant lesquelles je félicite le Rose, Paul et Marie. Nous faisons un point sur l'avancée des répétitions que nous n'avons pas le temps de finir puisque le groupe de l'opéra est prêt. Leurs idées sont fantastiques et ceux qui les écoutaient furent comblés par leur décor. A la fois d'une beauté sublime et d'un ton vieillot, ils ont réussi à donner à l'opéra une nouvelle forme et un plancher magnifique. Leur dessin est dénudé de perspectives mais on sent bien que l'inspiration est leur élément. C'est sur ce chef-d'oeuvre que la troupe se quitte avec un devoir, celui de faire une maquette du bâtiment dont ils avaient été chargé de soigner la décoration. Ce travail implique que les personnes qui doivent le réaliser doivent se donner un rendez-vous hors des répétitions, c'est pour cela que je décide, après l'accord de Florian, de les laisser partir plus tôt.

Prochaine répétition: Vendredi 27 Avril 2007




Vendredi 27 Avril 2007

Les maquettes sont splendides. Le groupe du château a ajouté des vitraux et quelques sièges. Leur maquette est très jolie. Quand au groupe de l'opéra, leur maquette est vraiment magnifique. Ils ont très bien illustré leurs idées. Avec un intérieur bordeaux et une façade aux couleurs flamboyantes, leur opéra est révolutionnaire et classique à la fois. Il paraît être aussi vieux que ma pièce le veut.
Florian et moi remercions les comédiens pour leur maquette et leur promettons de les leur rendre lorsque les décors seront faits. Les répétitions reprennent avec les costumes. Tout se passe bien.

Prochaine répétition: Samedi 28 Avril 2007












Mercredi 10 Février 2010

J'ai retrouvé ces textes en retrouvant une vieille clé USB qui marche à peine. J'ai bien relu ce journal. J'ai recommencé une vie. Ma pièce a eu un succès fou comme jamais encore ça n'était arrivé, en plus d'avoir été réalisée en un temps record. Je suis devenu l'auteur et le metteur en scène le plus populaire du monde de par mes écrits que par la rapidité avec laquelle je présente une pièce. Aujourd'hui, j'écris des livres que le monde entier s'arrache. Je me suis remarié il y a un an. Ma femme s'appelle Léa. C'est une architecte de très grande renommée. Elle accepté mon éternel amour pour Marine. Moi aussi, j'ai appris à vivre avec cette peine qui m'affaibli de jour en jour mais qui, paradoxalement, m'inspire. Je suis écrivain spécialisé dans le réalisme et le romantique. Je m'inspire parfois des maisons de ma femme et elle s'inspire parfois de mes livres pour faire des maisons aux jeunes couples. Nous nous sommes rencontré il y a deux ans, lorsque j'avais choisis de poursuivre une carrière de metteur en scène. Je venais de finir ma nouvelle pièce et elle avait auditionné pour le rôle principal. Je l'avais retenu. Nous passâmes près de six mois à se côtoyer lorsqu'un jour je l'invitais à prendre un café pour l'aider à trouver la bonne intonation pour son rôle, ce qu'on ne fit pas, cela va de soi.
J'ai été, pendant trois ans, le metteur en scène préféré des Français. J'ai à mon actif plus d'une dizaines de pièces présentées dont les livres ont eu, après mes représentations, un succès mondial. Mais j'ai décidé, il y a deux mois, d'abandonner la mise en scène pour m'adonner à l'écriture. Mais mon succès m'a rattrappé et j'ai accepté de m'occuper d'une autre pièce d'une jeune auteur de 17 ans. Elle a un grand talent et sa pièce a, je pense, de grandes chance d'avoir son succès.
Je pense bien que c'est la dernière fois que j'écris dans ce journal. J'ai trouvé comment me débarasser de ma peine: il me suffit d'écrire une pièce de théâtre, une nouvelle ou un nouveau livre. Léa est très patiente avec moi, elle est très attentionnée. Elle me rappelle un peu Marine dans ses manières de faire, sa manière de parler. Elle croit que j'ai été fait pour être metteur en scène. Elle me trouve un talent que je n'ai pas.
Lorsqu'une de mes pièces a terminé sa première représentation publique, le monde dans la salle me réclame, demande à voir un auteur qui écrit de magnifiques histoires d'amour, qui n'est jamais en manque d'inspiration et qui parle d'amour comme personne.
C'est en écrivant que mon coeur se lâche, qu'il se libère des poids qui le retiennent au fond de la rivière, qu'il respire. Les mots viennent tout seul, c'est comme si ma main se contrôlait toute seule et que mon esprit était détaché d'elle.
C'est sur ces derniers mots que je vais m'en aller, oubliant ces papiers, oubliant mon identité du passé. Je m'en vais, mon coeur lourd de regrets et de chagrin. Comment aurait évolué ma vie? Que serais-je aujourd'hui si elle avait été en vie? Certainement pas ce que je suis.


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